Risque Climat Pour Les Entreprises : Comment S'Adapter?

Atténuation et adaptation : deux stratégies complémentaires dans la lutte contre le changement climatique

Novembre sera marqué par la 26ème Conférence sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow. Les quatre objectifs principaux affichés sont l’atténuation, l’adaptation, la mobilisation de la finance et la collaboration entre parties prenantes.[1] Alors que les deux derniers objectifs coulent de source, les premiers peuvent nécessiter une clarification. L’atténuation du changement climatique (ou « mitigation ») consiste à réduire les émissions globales de gaz à effet de serre, et idéalement selon l’Accord de Paris, les réduire de manière à ne pas dépasser le seuil de 2°C.[2] Cependant, les organisateurs de la prochaine COP rappellent que « le climat est déjà en train de changer et il continuera à changer même si nous réduisons les émissions, avec des effets dévastateurs.»[3] L’adaptation à ces effets est donc un pilier incontournable.

Focus sur le rôle des entreprises dans l’atténuation plutôt que l’adaptation

A ce jour, les entreprises sont avant tout perçues comme des acteurs clés dans l’atténuation du changement climatique. En effet, les entreprises mettant en place des actions visant à réduire leurs émissions, notamment des secteurs comme ceux de l’énergie, du transport et de l’industrie – qui représentent plus de 75% des émissions globales[4] – peuvent avoir un impact considérable. Les réglementations vont généralement dans ce sens, en exigeant des entreprises qu’elles mesurent leurs émissions et parfois même qu’elles se fixent des objectifs de réduction.

Le rôle des entreprises dans l’adaptation au changement climatique reste moins médiatisé et moins régulé, alors qu’elles sont tout autant sujettes aux effets du changement climatique, qui se font d’ores et déjà ressentir.

Quels risques climatiques pèsent sur les entreprises ?

En 2017, le Conseil de stabilité financière du G20 a décidé de mettre en place un groupe d’experts sur le climat (Task Force on Climate Disclosure, TCFD) afin de mesurer les risques liés au changement climatique pesant sur les entreprises et l’économie. La TCFD a distingué deux grands types de risques,[5] tout d’abord les risques physiques, comme les cyclones, les inondations ou encore les vagues de chaleur. La deuxième catégorie, les risques de transition, désignent les risques liés à une transition de notre économie actuelle vers une économie bas-carbone. Ce sont par exemple des risques réglementaires, via l’instauration d’une taxe carbone, ou encore des risques de marché, les consommateurs privilégiant des produits « verts ».

Alors que les risques de transition pèsent davantage sur les entreprises les plus émettrices de CO2, les risques physiques peuvent toucher un spectre beaucoup plus large d’activités. En effet, ces derniers vont avant tout dépendre des implantations géographiques des sociétés. Certains pays, en particulier les pays en développement, sont déjà et seront davantage touchés par les effets du changement climatique. Les pays plus industrialisés ne seront pas exemptés, avec d’ailleurs des niveaux de risque qui peuvent varier au sein d’un même état. Les crues de cet été en Belgique et en Allemagne nous ont rappelé que les entreprises situées à proximité de fleuves sont déjà largement exposées.[6]

Sociétés de service ou industries, les risques physiques liés au changement climatique vont concerner toutes les entreprises, sans distinction de secteur ou de contribution au changement climatique.

Les risques climatiques liés à la chaine de valeur

Au-delà de ces effets immédiats liés au dérèglement du climat, ce sont aussi des risques indirects qui pèsent sur la plupart des entreprises, et ce, au travers de leur chaine de valeur. Les crues en Belgique et en Allemagne n’ont en fait pas seulement touché les entreprises inondées, mais également toutes les entreprises, notamment françaises, dont l’approvisionnement transite habituellement par le Rhin. Entre le 13 et le 23 juillet, certaines stations-services du Haut-Rhin ont observé des pénuries de carburant, le niveau trop élevé du fleuve empêchant le passage des barges d’approvisionnement.[7] Si les entreprises ont effectivement pu trouver des alternatives, les délais de livraison ainsi que les coûts ont eux significativement augmenté. Et ce n’est pas la première fois que ce genre de situation se produit. Mais ces dernières années, c’étaient plutôt les sécheresses (!) – dont la fréquence augmente avec le changement climatique – qui avaient abaissé le niveau du Rhin, avec pour conséquence les mêmes effets sur l’offre en carburant.

Ces phénomènes sont d’autant plus préoccupants qu’aujourd’hui, 70 % des échanges internationaux dépendent de chaînes de valeur mondialisées,[8] et que certains fournisseurs, par secteur d’activité, ont tendance à se concentrer dans des zones géographiques limitées.[9]  La moindre perturbation climatique sur une route de transit ou dans une zone finalement extrêmement localisée peut provoquer des perturbations considérables sur toutes les entreprises en aval de la chaine de valeur.

Les dernières semaines ont encore témoigné de la vulnérabilité de ces chaînes de valeur : Alors que son carnet de commande était plein, le constructeur automobile Renault a dû faire face à une pénurie de composants électroniques qui l’a amené à fermer environ 50% de ses usines en France.[10] Si les causes de cette pénurie ne sont a priori pas climatiques, elles laissent entrevoir les potentielles conséquences du dérèglement du climat dans les années à venir.

Le CDP (Carbon Disclosure Project) a d’ailleurs déjà estimé à 120 milliards d’euros le coût des effets du changement climatique sur les chaines de valeurs pour les cinq prochaines années. 120 milliards d’euros qui nécessairement se répercuteront sur les acheteurs finaux.

Comment s’adapter ?

La première question à se poser pour les entreprises est de savoir à quels types de risques (physique et de transition) elles sont exposées.

L’analyse des risques physiques directs est la plus simple, puisqu’elle dépend principalement d’un seul critère : la localisation géographique. S’adapter au risque physique va donc consister à rendre ses infrastructures plus résilientes face aux risque climat ou s’implanter dans des zones géographiques moins exposées aux conséquences. Avoir plusieurs centres d’opérations avec différentes localisations peut aussi permettre à l’un de prendre le relai d’un autre en cas de problème.

Pour les risques physiques qui pèsent sur la chaine de valeur, l’analyse est plus complexe. Il s’agit tout d’abord de connaitre les différents maillons de cette chaine de valeur, leur localisation, ainsi que les routes de transit. S’adapter peut consister à identifier des fournisseurs alternatifs, à diversifier ses fournisseurs en fonction de leur localisation, ou encore à étudier les stratégies d’adaptation de ses fournisseurs – lorsque l’information est disponible.

Pour ce qui est des risques de transition, qui touchent principalement les entreprises les plus émettrices, l’adaptation va avant tout passer par une réduction de leurs émissions de CO2 et/ou le développement d’offres de produits et services « verts ».

L’intérêt croissant des investisseurs pour l’adaptation

Même si pour le moment, les réglementations se focalisent davantage sur le rôle des entreprises dans l’atténuation du changement climatique plutôt que dans l’adaptation, il existe un intérêt grandissant pour la mesure des risques climat. Les investisseurs français sont d’ailleurs soumis à une obligation sur le sujet, et par répercussion, s’intéressent activement aux risques auxquels sont exposées les entreprises dans lesquelles ils investissent et aux mesures que ces dernières mettent en place pour éviter ou s’adapter à ces risques.

Heureusement pour les entreprises, les cadres de reporting comme la TCFD et les ressources sur les risques climat comme le World Risk Index commencent à se généraliser, leur permettant de se familiariser à l’exercice avant que des règlementations plus restrictives ne voient le jour.

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